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Expos agitées

LACAN L’EXPO : ça (nous) regarde !

Jeanne THIRIET-OLIVIERI

Il fallait oser ce pari qui pouvait paraître fou. Qui dans les faits en emporte plus d’un. Un pari signé Marie-Laure Bernadac, conservatrice générale du patrimoine et Bernard Mercardé, historien de l’art, sur une idée du psychanalyste Gérard Wajcman. Et en passant une belle occasion de découvrir le Centre Pompidou-Metz.

Cette exposition unique était belle, passionnante et pédagogique. Et pouvait laisser se réfléchir l’idée d’un musée Lacan. Idée émise que par moi-m^me à ma connaissance qui n’est pas universelle.

Riche en œuvres (300), forte en sens (le dédale de la pensée lacanienne), émouvante en expériences, si l’on se laisse porter par la parole du célèbre psychanalyste.

« En sa matière, l’artiste toujours {…} précède le psychanalyste et qu’il n’a donc pas à faire le psychologue là où l’artiste lui fraie la voie ». Lacan

Sa voix est bien présente, au travers du documentaire de Benoit Jacquot, présenté comme une installation sonore, livrant dès le départ de l’exposition… à penser ! Tout en se laissant bercer par sa scansion, comme une performance poétique.

Une scénographie s’ouvrant à trois niveaux de lecture

Au hasard du labyrinthe. Transgresser l’interdit de l’Origine du monde de Courbet, acquise en 1951 par Lacan. Après tout, nous sommes nombreux à ne l’avoir jamais vu et à ne pas s’être laissé voir le voyant. Rêver ensuite au Narcisse de Caravage, malheureusement déjà reparti au Musée Barberini à Rome et nous privant du stade du miroir. Plonger dans la perspective des Ménines de Vélasquez à la recherche de l’invisible, la fente. Toutes des œuvres qui ont inspirées la pensée de Lacan pour qui « de l’art nous avons à prendre de la graine ».

Ou bien se laisser ravir, par l’immense rideau de théâtre au bleu-nuage à la Magritte, imprimant un mouvement dans sa chute. La Dépossession de Latifa Echakhch, crée en 2024 et donc postérieur à Lacan, met en scène la chute, au cœur de notre regard, et apparaît comme un symbole de l’objet petit a, pierre porteuse de la pensée lacanienne. Ou bien encore se laisser prendre par Extases féminines, une vibrante aquarelle d’Anselm Kiefer, à rapprocher du travail de Lacan sur les grandes mystiques, sainte Thérèse d’Avila notamment. Ou bien déchiffrer Le nœud de Lacan de Jean-Michel Othoniel, référence immédiate au nœud borroméen de Lacan, pilier de sa pratique. Nous faisant entrer ainsi dans une deuxième lecture de ce parcours, celles des œuvres empreintes de la pensée de Lacan.

Enfin une déambulation chronologique, en suivant les arcanes de la pensée parfois difficile du psychanalyste, mais parfaitement transmise par les cartels. Le parcours le plus pédagogique, où les œuvres viennent en écho aux concepts.

Avec une attention particulière au travail des femmes en grand nombre içi, notamment Maternel man de Louise Bourgeois (GENRE), Untitledligne upde Cindy Sherman (FEMINITE MASCARADE) ; Ma collection de proverbes d’Annette Messager (LA FEMME) ; Miroir des origines de Deborah De Robertis (ORIGINE DU MONDE), l’artiste performeuse a depuis bombée un #metoo sur L’origine du monde, bien protégé pas d’inquiétude, pour dénoncer le masculinisme dans l’art contemporain. No comment.

Pour se documenter