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Littérature française

Sois gentil tue-le ! Pas seulement parce que c’est mon frère…

L’auteur Pascal Thiriet est bien mon frère !

Maintenant que c’est dit, on peut vraiment passer à autre chose : Pascal Thiriet est tout à fait un auteur. Du genre ce qu’il y a de plus sûr. Son quatrième roman est une nouvelle fois l’occasion d’imposer un style apparemment très libre mais surtout très inspiré de sa vie à Sète. On sent presque le Sétois d’origine mâtiné de jolies racines corses.

Pascal, son personnage principal est un pêcheur, pas à ligne, non un vrai sur un gros bateau, baptisé Le mort à crédit, parce que sans crédit pas de bateau. Pascal n’a jamais lu Céline, et ce n’est pas du tout grave! Pascal reçoit un jour une lettre de Murène, sa nouvelle copine et co-équipière de chalutier, sans hésiter il prend un fusil et part la rejoindre en Corse. Mais avant cela, il lui arrive des tas de trucs avec des méchants, vraiment, et des gentils, vraiment aussi. C’est un polar mais ce pourrait être aussi un western maritime. Vous le verrez en le lisant, il y a même une sorte d’attaque de diligence de la mer, dans une scène dont l’expertise de marin pourrait être certifié, dans n’importe quel port de la méditerranée.

Donc, le Far West dans ce livre, c’est la Mare Nostrum. Les justiciers n’ont rien de gladiateurs mais se rapprocheraient plutôt des Pieds Nickelés, quant aux héroïnes, un sérieux cocktail de Colomba et Calamity Jane, elles n’ont peur ni du sexe, ni de la mort. 

Rien que pour ce récit héroïque et comique, je vous conseille de mettre dans votre valise de déconfinés, ce roman réjouissant.

Mais plus sérieusement, Pascal, l’auteur – je sais, c’est confusant – a une poésie qui a mon avis aurait pu séduire Michelet. Pas l’auteur de Sorcières mais celui du Peuple. Il écrit au fil de ses romans, une poétique des petits, des sans tribune ni réseaux sociaux, des habitués des Cafés du port, des philosophes de l’anisette. Roman après roman, il crée une esthétique du prolétariat, des pauvres, de ceux qui n’ont comme seule richesse qu’eux-mêmes, c’est-à-dire beaucoup plus que d’autres qui ont tout et qui ne sont rien, à part dans les yeux de leurs banquiers.

Il déploie, opus après opus, un style totalement singulier et implacable qui va de : « Quand je suis arrivé à la maison, il faisait presque sombre, rien ne bougeait, ni sur la terre ni au ciel. », premières lignes du roman, en passant par « Fais pas ta mouette qui se renifle sous l’aile » ou bien « Y’a ton jean qui dit que t’as aimé la bouffe des pubs, toi aussi ».

Donc une histoire et un style cela s’appelle de la littérature. A consommer en haute dose ! Parce que contre l’ennui rien ne vaut un bon livre. Sois gentil tue-le ! En est un.

Sois gentil, tue-le, Pascal Thiriet, Jigal Polar